Quand on a trop d’argent, on devient la cible idéale aux yeux des autres.

Deux récentes affaires d’escroquerie à des montants astronomiques ont complètement changé ma perception du “plafond de l’arnaque”. L’une concerne 3,3 milliards de dollars HKD, l’autre est encore plus incroyable : un patrimoine de plusieurs centaines de milliards qui s’évapore dans la nature. Les victimes ne sont pas de simples particuliers, mais bien ceux qui se trouvent au sommet de la pyramide de la richesse.

Commençons par ce “chef de file” du secteur crypto, qui a connu une grosse déconvenue à Hong Kong. Sous la gestion d’une certaine société de fiducie, 3,3 milliards ont disparu du jour au lendemain. Mais ce n’est même pas le cas le plus tragique.

L’histoire de Nicolas Puech, cinquième héritier de la famille Hermès, ressemble à un scénario de film mafieux à rebondissements. Héritier de 15 milliards de dollars d’actions familiales et autrefois plus grand actionnaire individuel de la marque, il a été peu à peu dépouillé par son conseiller financier, à son service depuis plus de 20 ans. Toutes ses actions ont été secrètement converties en titres anonymes puis revendues, et l’argent a atterri dans la poche d’autrui.

Quand il s’en est rendu compte, il ne pouvait plus se permettre que la place du milieu en classe économique. Passer du jet privé à la compagnie low cost : il y a là de quoi tourner un documentaire.

Pourquoi les personnes les plus riches sont-elles souvent les plus vulnérables ?

La réponse pourrait surprendre : ce n’est pas qu’ils sont stupides, mais leurs besoins sont très particuliers. Les gens ordinaires cherchent le rendement, alors que les riches s’inquiètent de la séparation des actifs, de la structuration fiscale, de la protection de la vie privée — des “opérations techniques”. Les escrocs étudient précisément ces points douloureux, et concoctent des solutions sur mesure, en apparence parfaites.

Par exemple, la création d’une fiducie pour séparer ses actifs implique souvent de donner de larges pouvoirs au fiduciaire. Si ces pouvoirs sont abusés, récupérer ses fonds devient quasi impossible. L’affaire Puech est typique : le conseiller, muni d’une procuration, a transformé les actions en titres anonymes puis les a revendues. Il a fallu qu’un petit chèque ne corresponde pas aux comptes pour qu’un bout de l’iceberg apparaisse.

Plus incroyable encore, ce conseiller est décédé dans des circonstances mystérieuses en “heurtant un train à vélo” pendant l’enquête. La vérité ? Elle restera peut-être à jamais un mystère.

Certains disent que c’est “le prix de la confiance”. Mais le problème, c’est qu’à un certain niveau de gestion de fortune, il est impossible de tout gérer soi-même. Si l’on ne fait confiance à personne, comment constituer une équipe ? Mais faire confiance à la mauvaise personne peut tout faire perdre.

La seule consolation : ces escroqueries haut de gamme restent réservées à une élite — même les pauvres ne sont pas jugés dignes d’être arnaqués.

Mais en fin de compte, une fois la fameuse “liberté financière” atteinte, il faudra faire face à un autre défi : comment éviter que vos proches ne deviennent “libres” avant vous.

Les règles peuvent restreindre les gens de bien, mais ne feront jamais obstacle aux vrais maîtres de l’arnaque. Alors la question se pose : en matière de gestion de fortune, choisirez-vous de faire confiance aux règles ou aux hommes ?